O.D. Episode 17

Publié le par Cyril Poujoulat

 

Celle ci était quasi totale...Elle distingua néanmoins les tables placées de part et d'autre de la pièce, le matériel informatique positionné dessus, des boites de rangement, et d'autres objets qu'elle n'arrivait pas à identifier.
Les bruits d'une activité humaine continuaient au dehors.
Nadine tenta de ramper sur le sol terreux. Ses jambes étaient ankylosées, de multiples petites plaies et écorchures se rappelèrent à sa mémoire. Elle sentit également le contact humide et froid du sol sous elle. Les larmes montèrent aussitôt. Elle se traîna sur les quelques dizaines de centimètres de course que lui laissait la chaîne reliée au mur. Ses efforts physiques la gênaient d'autant plus pour respirer et sa salive mêlée au bâillon l'étouffait presque...
Son bras gauche la fit soudain grimacer de douleur. Elle sentit la pointe métallique percer et déchirer ses chairs...le contact du sang, visqueux et chaud sur son bras vint ensuite.
Elle identifia l'obstacle. Une vieille planche cloutée.
La chaîne se tendit progressivement jusqu'à l'empêcher définitivement de progresser.
Nadine tenta d'attraper quelque chose en balayant l'espace de ses jambes. Mais ses pieds ne rencontrèrent que le vide. Elle étira son corps autant qu'elle le pouvait et recommença encore et encore. Soudain, elle sentit le contact d'un câble contre ses orteils. Après l'avoir perdu, elle tenta à nouveau de le repérer. Il était là. Elle essaya à plusieurs reprises de le saisir entre ses orteils. Son corps tout entier était douloureux. Sa mâchoire l'élançait, ses larmes lui brûlaient les yeux.
Au dehors, le bruit assourdit était toujours présent. Ses gémissements étaient si faibles qu'elle ne pouvait attirer l'attention.
C'est alors qu'elle allait renoncer, épuisée, que ses orteils réussirent à agripper le câble. Nadine tenta de se calmer quelques instants afin de bien assurer sa prise. Puis, elle tira sur le câble aussi fort que ses muscles le lui permettait. Celui ci résista dans un premier temps, puis vînt, entraînant l'imprimante à laquelle il était raccordé. Celle ci glissa de la table et s'écrasa au sol. Le fracas du plastique cassé fit cesser les bruits au dehors. Nadine retint sa respiration attentive au moindre mouvement ou son qu'elle pourrait percevoir. Un silence pesant s'installa pendant quelques instants.
- « Il y a quelqu'un ?? »...
- « Il y a quelqu'un ?????!!! » clama a nouveau la personne de l'autre côté de la porte.
Nadine était dans un état d'éveil maximal. Elle entreprit de frotter son visage contre le sol pour tenter de faire glisser le bâillon. Baur avait été prudent. Celui ci était bien serré. Elle insista irritant ses joues jusqu'au sang. Dans un ultime effort aussi violent que douloureux, elle réussit à le faire céder. Celui ci glissa de quelques centimètres libérant sa bouche. Elle cracha difficilement la boule de plastique que Baur lui avait glissé à l'intérieur afin de s'assurer de son silence. Elle eu des hauts le coeur tout en l'expulsant.
Elle voulu crier...hurler, mais son effort se résuma à un gloussement étranglé tant sa mâchoire était douloureuse et sa bouche sèche. Elle repris sa respiration et essaya à nouveau d'appeler...
- « Au...sec..ours !!!........ Au secours !!!!! », lança t elle tout en fouettant les débris de l'imprimante avec ses jambes.
- « Y a quelqu'un ??!! », lança la voix situé de l'autre côté.
- « Oui... OUI !!!... Aidez moi !!.... Je suis prisonnière !!!! ».
- « Putain !! », s'exclama l'homme qui lui parlait.
- « Attendez ! Je vais essayer d'ouvrir la porte !! ».
L'homme sembla s'absenter quelques instants puis revint contre la porte.
Un bruit métallique suivit. Des craquements. La porte de la cave de Baur bougeait mais ne cédait pas. L'homme se mit à gémir sous l'effort qu'il fournissait. C'est alors que la serrure lâcha. La porte s'ouvrit dans un terrible fracas. Celle ci bascula sur le côté violemment. La lumière des néons de la cave s'engouffra dans la pièce obligeant Nadine à fermer les yeux. Elle haletait, gémissait tout en sanglotant.
- « S'il vous plaît....Je vous en prie.... ».
- « Mon Dieu !........ ».
Patrice Béran resta interdit un moment. Ce qu'il venait de découvrir défiait l'entendement et tout ce qu'il avait pu imaginer de pire. La jeune femme était enchaînée, mains dans le dos, allongée, en sous vêtements, sur le sol. Elle était couverte de plaies d'hématomes et de terre. La pièce exhalait une odeur de sueur et d'urine qui le pris à la gorge. Il eut, imperceptiblement, un mouvement de recul. Passé la surprise de sa découverte. Il saisit une lampe de poche ainsi qu'une vieille couverture dans le son local de cave et retourna auprès de Nadine. Celle ci était prostrée dans un angle de la pièce, recroquevillée sur elle même. Elle tremblait et ne cessait de pleurer.
- « Ne vous inquiétez pas mademoiselle.... Je ne vous veux pas de mal...Je vais vous couvrir... », lui dit il doucement. La femme était jeune, approximativement de l'âge de sa propre fille.
Nadine se raidit lorsqu'il s'approcha.
Il lui posa délicatement la couverture sur les épaules et s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur.
- « C'est la cave de monsieur Baur n'est ce pas? », lui demanda t il.
A la simple prononciation du nom de son bourreau, Nadine se mit à gémir de terreur.
Patrice Béran serra ses poings.
- « Je savais que ce mec était pas net mais là !...Nom de Dieu....Comment vous appelez vous? ».
- « Nadine... »souffla t elle dans un murmure.
- « Nadine... Ecoutez moi...Je suis locataire au deuxième...Je ne peux pas vous libérer de cette chaîne... Je n'ai pas la clef...Je ne sais pas si ce malade est chez lui mais je vais revenir très vite. Je monte rapidement chez moi appeler la police et je reviens... ».
Nadine voulu crier, les yeux emplis d'une peur incontrôlable.
- « Nooonn !!...Ne me laissez pas ici toute seule...je vous en prie...je vous en supplie... » lui dit elle en s'accrochant à son pantalon.
- « N'ayez pas peur Nadine... Je fais aussi vite que possible... », lui répondit il en se redressant.
Nadine le regarda alors droit dans les yeux.
Patrice Béran avait une petite cinquantaine et gardait un physique athlétique d'ancien joueur de rugby amateur. Il remplissait complètement l'encadrement de la porte. Les cheveux courts, une mâchoire carrée. Sa physionomie était rassurante.
- « Faites vite je vous en conjure.... », l'implora t elle.
Il lui sourit.... une dernière fois.

                                           La lame pénétra aisément la peau et les chairs du cou. Le geste une fois encore était précis, rapide. L'éclat de lumière sur la lame fut tout aussi fugace que la vitesse du coup porté avait été rapide. Le sang commençait tout juste à s'écouler en un flot important que la lame s'enfonçait à nouveau, cette fois ci au creux des reins de Patrice Béran. Celui ci garda un sourire crispé, mêlé d'incompréhension. La surprise et la violence de l'attaque avaient été telles qu'il ne ressentit pas la moindre douleur. Le sang se répandait rapidement par vagues successives sur sa poitrine, et sur le sol de la pièce. Ses jambes le trahirent. Son corps fut parcouru de spasmes. La lampe torche qu'il tenait à la main lui échappa. Il s'affaissa sur ses genoux tel un arbre coupé à la base. Il regarda Nadine une dernière fois. Sa vision se troublait rapidement. Il tenta de parler mais aucun son ne s'échappa...
Nadine voulu hurler mais son cri s'étouffa dans sa gorge. Elle le vit à nouveau, debout derrière l'homme en qui elle avait misé ses derniers espoirs. Il souriait. D'un sourire froid, inhumain, glacial.
Baur décocha un violent coup de pied dans le dos de patrice Béran qui s'effondra sur le sol de la cave. Celui ci ne réagit pas, déjà mort avant de tomber.
Précipitamment, Baur le saisit par le col et le tira à l'intérieur de la pièce tout en repoussant rapidement la porte derrière lui. Il cala la porte en tirant une des tables et se précipita sur Nadine. Il lui saisit la gorge de sa large main et la serra tout en la regardant droit dans les yeux. Nadine, épuisée, terrifiée, était au bord de l'asphyxie.
-  « Tu me déçois beaucoup Nadine... je ne vais pas te tuer...Pas maintenant... Il va falloir que nous partions et rapidement... Mais rassures toi...J'ai un endroit où nous pourrons jouer tranquillement... ». Baur la regardait avec le même sourire que celui qu'il avait eu après avoir égorgé son voisin. Il s'approcha d'elle, la renifla... lui lécha la joue en prenant un air volontairement libidineux.
- « Après....Après seulement tu pourras mourir.... », lui dit il avant de resserrer son étreinte jusqu'à ce qu'elle perde connaissance.
Patrice Béran, lui, finissait de se vider de son sang sur la terre battue. Baur se redressa et le regarda.
-  « T'es vraiment pitoyable connard....Voilà ce que ça amène de vouloir jouer les héros... ». Sur ce, il lui décocha un coup de pied dans le visage, lui faisant basculer la tête dans une position impossible et dispersant une multitude de gouttelettes de sang sur le sol et sur Nadine allongée un mètre plus loin.
Baur ferma les yeux quelques instants. Ses pensées étaient ailleurs...


52


                                                        La voiture roulait à vive allure dans les rues de Paris. Julie Bardaillan connaissait le trajet par coeur, les endroits où elle pouvait accélérer, ceux où il lui fallait être prudente. Elle avait appelé Thomas. Passé l'instant d'énervement de celui ci lorsqu'elle lui avait expliqué ce qu'elle avait fait dans le bureau de Baur, il avait également très rapidement tiré les mêmes conclusions que Julie. Thomas était partisan d'appeler la police, mais Julie l'en avait dissuadé. De plus, la visite avec effraction de celle ci dans les locaux du centre méthadone, pouvait leur attirer des ennuis importants. Et puis surtout, ils n'avaient aucune preuve évidente de la culpabilité de Baur dans l'accident de Paul et dans tous les évènements qui avaient précédé et suivi. Thomas avait appelé ses parents. Ceux ci n'habitaient pas loin et étaient venus récupérer les enfants avec pour consigne de les garder jusqu'au lendemain matin. Clara et Arthur ne s'étaient pas fait prier et la précipitation des évènements les amusait. Thomas était resté très évasif au téléphone avec ses parents. Ceux ci avaient respecté la part de mystère de la soirée après que Thomas les ait rassuré.
Thomas accompagna les enfants, et revint quelques minutes plus tard au pied de l'immeuble. Au même moment, la voiture, conduite par Julie apparut en bas de la rue.
Il était approximativement 21h... Le froid était revenu... La neige également, en une légère averse.
- « Bon sang!!... Quel temps ! », pensa Thomas tout en regardant Julie ralentir et s'installer en double file. Celle ci ouvrit la portière côté passager et lui lança :
- « Tes parents ont récupéré les enfants?? ».
- « Ben oui !, sinon je serai pas là à t'attendre », répondit il contrarié par les risques que Julie avait prise.
- « Ohhh! Thomas, tu m'engueuleras plus tard !!, monte, on va aller chez Baur!... Je me souviens de son adresse et du trajet. Je voudrai voir si quelque chose cloche par chez lui».
- « Comment sais tu où il habite? ».
- « Rappelles toi il y a deux ans, il avait organisé un repas dans un resto de son quartier avec le personnel des urgences et de la réa pour fêter sa nomination officielle de chef de service. Je me souviens de l'endroit où il nous avait dit qu'il habitait. »
- « En tout cas, tu as une meilleure mémoire que moi mon coeur... », répondit Thomas en grelottant.
- « Aller !! Montes !! Tu vas geler sur place sinon !! ».
Thomas s'installa côté passager et regarda Julie reprendre la route. Celle ci avait cette expression de détermination qu'il lui connaissait si bien. Cela lui plaisait et en même temps cela l'inquiétait car dans ces instants là, Julie négligeait le danger.
Une demi heure plus tard, Ils s'arrêtaient au pied de l'immeuble où résidait Philippe Baur...


53


                                                           L'entretien entre Ludo, Kérouec et Poulard dura plus de deux heures. Ludo retraça les cas de décès suspects aux urgences dont Nadine lui avait parlé. Il relata également l'affaire des aiguilles souillées retrouvées au domicile de celle ci, l'accident de Paul Marchand au sujet duquel Nadine avait manifesté ses doutes, les rapports systématiques à l'hôpital, ses échanges avec Julie Bardaillan, l'infirmière qui avait gérer la prise en charge de Pierre Vasseur avec Nadine...
Kérouec jaugea Ludovic Bressan tout au long de l'interrogatoire informel. Il en avait dégagé la certitude que Bressan n'était pas impliqué en tant que suspect mais plutôt en tant que victime. L'analyse rapide de ses dire le renvoyait à ses propres conclusions... La solution de toute cette affaire était entre les murs de cet hôpital où étaient morts de nombreux patients dans des circonstances suspectes. Un nom revenait régulièrement dans son analyse : Philippe Baur, le chef de service. Celui ci s'était occupé de certains des patients décédés, il était patron de la réa et avait ses entrées aux urgences. Toutes les victimes avaient été suivies dans le centre de méthadone qu'il dirigeait. Il était la pierre angulaire de toute cette affaire.
Il lui avait laissé un message en fin d'après midi, suite à leur entretien. Il souhaitait lui poser de nouvelles questions. Baur ne s'était pas manifesté depuis.
Kérouec et Poulard prirent congés de Ludovic Bressan en lui demandant de rester, comme on dit, à la disposition de la justice. Ludo, lui était épuisé moralement et physiquement par l'enchaînement de tous ces évènements. Il était vidé, tout simplement.
Kérouec, tout en descendant l'escalier, suivi de Poulard, réfléchissait à la conduite à adopter.
Il avait les coordonnées du domicile de Baur, et désormais celles de Nadine et de cette Julie Bardaillan qui semblait elle aussi s'intéresser à cette affaire et trouver troublants certains éléments.
Kérouec ferma les yeux quelques instants en s'asseyant au volant du break blanc.
Poulard frigorifié se frottait les mains en soufflant sur ses doigts rougis par le froid. Il remarqua « l'absence » de son collègue.
- « Qu'est ce qu'il y a Yann?... Ca va pas?? », lui lança t il tout en soufflant bruyamment.
-  « je réfléchis jean Louis... J'ai un mauvais feeling pour cette fille qui a disparue... On n'a rien de transcendant, mais ce Baur est pas net... Avant de rentrer au « 36 », on va faire un crochet par son domicile... J'ai un pré sentiment... je me trompe peut être mais je pense qu'on devrait aller y faire un tour... ».
- « tu déconnes !?...Il est...21h45 !! », lui dit Jean Louis Poulard, tout en regardant sa montre.
- « Je sais Jean Louis...La journée a été longue mais fais moi confiance... je me suis rarement gouré... Non? ».
- « Mouaii!... C'est pas faux... », lui répondit Poulard en maugréant.
- « On est à moins d'une demi heure Jean Louis... juste un crochet pour voir l'atmosphère des lieux... ».
- « L'atmosphère !!... T'es vraiment tordu Yann... Et moi je suis tout aussi tordu de te suivre... Enfin !........ ».
Poulard et Kérouec se connaissaient depuis longtemps. « Différents et complémentaires » leur avait un jour dit De Partel, leur supérieur, en louant leur réussite dans une sordide affaire de meurtre avec démembrement. Poulard savait que son collègue avait un flair rare, ce qui était un atout majeur pour un flic. Les faits avaient vérifié de nombreuses fois les intuitions de Kérouec.
Poulard décida donc, une fois de plus de suivre son collègue et ami, sans se poser trop de questions...
Il décrocha le micro de la radio embarquée et contacta le central afin d'indiquer leur situation géographique et leur destination.
Les échanges radio des patrouilles se répandait dans l'habitacle. Soudain, un régulateur les contacta.
- « Kérouec ! Poulard !....Pourquoi allez vous à cette adresse?? on a déjà une équipe de la bac en route... »
Yann Kérouec s'empara du micro tout en se garant sommairement.
- « Comment ça une équipe de la bac???... Il s'est passé quelques chose?? », lança t il sur un ton glacial.
- « Une femme résidant à cette adresse a appelé le commissariat du quatorze... Son mari est parti a la cave et n'est pas revenu...Elle est descendue et a trouvé plein de sang sur le sol de la cave...Elle n'est pas allée plus loin car son mari ne répondait pas...et du coup elle a appelé complètement paniquée...On en sait pas plus pour l'instant...Une ambulance des pompiers est également en route au cas ou... ».
- « Putain !! », cria Kérouec en frappant le volant.
- « Allo central?... Nous sommes en route pour cette adresse... Nous avons un suspect dans une affaire en cours qui y réside... ».
Sur cette dernière phrase, Kérouec raccrocha violemment le combiné, le faisant tomber au passage.
Il enclencha la première et démarra en trombe. Poulard ne put que s'accrocher à la portière tout en ramassant le micro de la radio...


54


                                                 22h40... Autoroute A 13... Direction la Normandie...
                                                 Cela faisait déjà plus d'une heure que Julie et Thomas avaient pris en chasse le 4x4 sombre à l'avant enfoncé qui était sorti en faisant crisser ses pneus, hors du parking de l'immeuble où résidait Philippe Baur. Le véhicule était apparu alors que Julie venait de couper le contact au pied de l'immeuble. Elle l'avait immédiatement reconnu. Elle avait également clairement identifié son conducteur... C'était Philippe Baur. Le réverbère situé à côté de la sortie du parking avait illuminé son visage d'une lueur blanchâtre au moment où le véhicule était apparu...
Thomas et Julie avaient hésité quelques instants sur la conduite à tenir, et après un bref échange du regard s'étaient décidés à se lancer à l'aventure sans vraiment savoir ce qu'il pouvait se passer. Thomas avait appelé ses parents pour les avertir qu'ils ne seraient peut être pas de retour avant le surlendemain. Clara et Arthur avaient accueilli la nouvelle avec une joie non dissimulée sachant par avance que leur séjour serait l'occasion de toutes les fêtes et de tout les débordements.
Devant eux, à une cinquantaine de mètres, le 4x4 de Philippe Baur dévorait la route. Celui ci , concentré sur sa trajectoire et soucieux des évènements à suivre n'avait pas remarqué le monospace gris anthracite qui le suivait à bonne distance depuis qu'il avait quitté son domicile. A l'arrière du 4x4, sous une couverture qui l'étouffait à moitié, Nadine tentait progressivement de remettre de l'ordre dans ses pensées. Une fois de plus, Baur l'avait drogué. Une fois de plus elle avait l'impression d'être à distance de son corps, que son esprit flottait au dessus. Et puis, des céphalées, des nausées... le visage de Patrice Béran lui revint en mémoire. Cet homme en qui elle avait vu son sauveur avait été sauvagement assassiné par Baur. Un mort de plus... Une horreur supplémentaire à rajouter à toute cette histoire...
Au bout de quelques instants, elle identifia son nouveau lieu de séquestration. L'odeur de plastique, le roulis, le bruit du vent sur la carrosserie, le ronflement du moteur... Elle comprit qu'elle se trouvait à bord d'une voiture. L'inconnue était de savoir la destination finale du véhicule...
La neige, au dehors, continuait de tomber doucement, déposant son lot de petits paquets cotonneux sur le pare brise que les essuies glaces balayaient sans ménagement....


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                                                     A leur arrivée au lieu de résidence de Philippe Baur, Yann Kérouec et Jean Louis Poulard remarquèrent immédiatement la Clio banalisée de la bac, ainsi qu'une voiture de patrouille, et enfin, le VSAB de la brigade des sapeurs pompiers. Quelques policiers en tenue montaient la garde devant l'entrée de l'immeuble, et avait sécurisé les accès au parking et aux alentours. Kérouec se revit sur les falaises près de Mantes. Une fois de plus, il eut la sensation d'arriver avec un léger retard. Le tueur, quel qu'il soit conservait une longueur d'avance.
Kérouec gara le break le long du trottoir. Un instant plus tard, emmitouflés dans leurs manteaux, celui ci et son collègue pénétraient dans l'immeuble et tombèrent nez à nez avec le sous officier responsable du site.

A SUIVRE ...

Publié dans Roman

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