OD. Episode 14

Publié le par Cyril Poujoulat

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                                                  Ludo fit le trajet le séparant du quartier où habitait Nadine en un temps record... la Fiat avala les quelques kilomètres tout en ronflant bruyamment... Lorsqu'il arriva aux abords de l'immeuble, il ne remarqua pas les quelques traces, vestiges de l'accident, tout occupé qu'il était à repérer une éventuelle place. Ne trouvant rien après deux ou trois passages, l'énervement fini par le gagner ce qui n'était pas son habitude. Il s'arrêta finalement en double file devant l'entrée, enclencha les « warnings », et sortit au dehors... Si les chutes de neige avaient cessé, le froid, lui, était toujours aussi mordant. Ludo leva son regard en direction de la fenêtre de Nadine en plissant les yeux et passa sa langue sur ses lèvres gercées. Il senti craquer sa lèvre inférieure. Il grimaça légèrement tout en redressant son col, et se précipita à l'intérieur. La cage d'escalier lui faisait face. Il avait toujours maudit ces escaliers interminables, à chaque fois qu'il venait voir son amie. Ce matin là, il s'élança sans réfléchir et gravit les étages sans ressentir la fatigue et l'essoufflement qui le gagnaient en temps normal. 
Ludo était tendu, aux aguets... 
Lorsqu'il prit pieds sur le palier où se trouvait l'appartement de Nadine, il marqua un temps d'arrêt et inspecta la porte d'entrée tout en tendant l'oreille. Aucun son ne lui parvint. Il tendit son bras vers la sonnette, et appuya longuement dessus. Après trois tentatives, Ludo du se résigner. Nadine était absente. Elle n'était pas rentrée comme elle le lui avait dit... L'inquiétude s'empara à nouveau de lui. Le contenu du mini message de Nadine lui revint en tête... 
« c pas un accident...il a découvert qq chose à l'hosto... ».
Ludo s'assit sur les premières marches du palier et attendit ... une demi heure...une heure. Il recomposa au moins vingt fois le numéro de portable de son amie, laissa trois messages... Vers 9h30, n'y tenant plus, il repensa à Nadine et au contact amical que celle ci avait noué avec la femme de monsieur Bardaillan. Nadine semblait être persuadée en outre que Paul avait trouvé quelque chose à l'hôpital... Il repensa également aux conclusions que Nadine et lui avaient tiré de la présence des aiguilles... la clef était à l'hôpital...et Mme Bardaillan pouvait peut être le conseiller...
Il prit dans sa sacoche une demi feuille de papier sur laquelle il écrivit un message pour Nadine au cas où celle ci reviendrait entre temps. Il replia la feuille sur elle même et la glissa sous la porte d'entrée.
Ludo ramassa ensuite son sac et prit sa décision. Il ne savait pas si Mme Bardaillan pouvait lui être d'une quelconque aide, mais il allait aller la voir...Maintenant....
Il dévala les escaliers en prenant garde de ne pas s'emmêler les pieds, traversa le hall et s'élança en trottinant vers sa voiture. Vingt minutes environ le séparaient de l'hôpital. La distance serait vite parcourue...

 

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                                                     11h30... Le dôme de la chapelle était la première chose que l'on apercevait après avoir franchi le porche de l'hôpital. Celui ci était recouvert de larges plaques de neige et brillait sous les rayons de soleil. C'était une des premières belle journée depuis un mois... le ciel était clair... Seul le froid persistait. 
« Drôle de vision que cette chapelle lorsque l'on rentre... », se dit yann Kérouec en franchissant la barrière au volant du break blanc banalisé que Poulard et lui avaient emprunté à la brigade. Poulard somnolait sur le siège passager. Il avait travaillé toute la nuit à l'institut médico légale afin d'obtenir des informations sur les corps retrouvés ce dimanche là. Les résultats des autopsies n'avaient rien ramené de neuf pour leur enquête. Le deuxième corps avait fini par être identifié, lui aussi, à partir de ses empreintes dentaires. L'information ne changeait pas grand chose si ce n'est que la seconde jeune femme était domiciliée en banlieue parisienne et qu'elle avait elle aussi connu des problèmes de toxicomanie.
Si leur état actuel ne permettait plus vraiment de savoir a quoi elles pouvaient ressembler avant d'avoir croisé la route de leur bourreau, la comparaison des photos obtenues auprès de leurs familles leurs avaient donné quelques indications... Les deux jeunes femmes étaient de taille moyenne, et blondes, les cheveux longs ou mi longs... Une indication mais pas de quoi tracer un portrait robot de la victime idéale.
Tout en regardant les panneaux de signalisation de l'hôpital afin de trouver le centre de méthadone, Kérouec repensa aux indices relevés depuis le début de l'enquête... Des toxicomanes, décédés dans des conditions mystérieuses... La plupart d'entre eux se fournissait chez un dealer... Deiss... Assassiné d'une manière peu banale... Les deux corps de jeunes femmes martyrisés, toxicomanes elles aussi, et puis ce produit désinfectant dont l'analyse chimique avait confirmé l'usage hospitalier... Tout le ramenait à l'hôpital...
Poulard ouvrit les yeux doucement en se passant la main sur le visage. Sa barbe de deux jours et ses yeux fatigués renvoyaient à Kérouec sa propre image.
- « Hummmmm !....On est arrivé?.... », lança Poulard tout en baillant bruyamment.
- « Ouai ! Tu peux te réveiller... J't'invite à la cafét' !... On va aller grignoter un truc et prendre un café... Ca nous remettra les idées en place...et par la même occasion te faire émerger... Parce que là, je doute que la moindre infirmière ne se retourne sur toi, si ce n'est pour te ramener dans un lit... », conclu Kérouec en souriant.
- « Oh ! Ouai!... J'suis d'équerre... L'IMM, c'est vraiment pas mon truc... Il fait froid, y a des cadavres, et puis le Dr Laurence est pas vraiment attirant... J'sais pas comment il a fait pour trouver une femme celui là !... T'imagines la carte de visite? : Bonjour !, j'suis médecin légiste, je vis sous les néons en sous sol et je passe mon temps à découper des morts et à mettre en culture des bactéries et autres larves d'insectes !!!....... Putain!, de quoi faire froid dans le dos !! ».
Kérouec ne répondit pas... Il repensa à sa fille qui grandissait loin de lui... Un weekend sur deux !... Comment pouvait il rivaliser?... Il chassa aussitôt cette pensée et se reconcentra sur l'objet de leur visite.
Après avoir bifurqué sur la gauche et à droite au bout de la voie principale, ils découvrirent le bâtiment du centre méthadone... Une petite maison en rez de chaussée, en brique, et collée contre le service des urgences... Deux fenêtres, une plaque usée par le temps indiquait la fonction de l'unité abritée à l'intérieur. 
- « Décidément... Même à l'hôpital, les toxicos étaient les parents pauvres de la société... », se dit Kérouec. Cette unité avait sûrement été créée sur décision ministérielle, comme la plupart... Faire du social... ou en tout cas, en donner l'image... Seulement voilà, l'image que renvoyaient ces patients n'était sûrement pas la plus appréciée...
Kérouec gara le break après quelques manoeuvres sur l'esplanade située en face du bâtiment.
Poulard et lui sortirent de la voiture, et repérèrent un peu les lieux.
Kérouec releva le col de sa parka et huma l'air hivernal. Il ferma les yeux quelques instants pour savourer la chaleur que lui procuraient les quelques rayons de soleil.
- « Aller Jean Louis !... Direction la cafét' !... », lança t-il...
Après une petite demi heure passée à se remplir de café chaud et à grignoter quelques viennoiseries, tout en regardant le personnel soignant et les malades se relayer devant le comptoir de la cafétéria, Poulard et Kérouec, se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Ils prirent ensuite la direction du bâtiment abritant l'unité Méthadone...
Une centaine de mètres plus loin, ils se retrouvèrent face à l'entrée de l'unité. La porte était ouverte et des voix provenaient de l'intérieur. Kérouec allait pénétrer dans le hall lorsqu'un individu pour le moins agité, en sorti en maugréant, le bousculant au passage. Kérouec lui adressa un regard désapprobateur. L'individu lui renvoya un regard agressif visiblement prêt à en découdre à la moindre provocation. Il s'éloigna ensuite en se dandinant d'une jambe sur l'autre...
-  « Quel petit roquet !... », pensa Kérouec, en souriant d'un air blasé. Des comme ça, il en avait vu des légions. Mais même après toutes ces années, il avait su garder sa méfiance en éveil face à ce genre de personnage. Bon nombres de situations lui avaient donné raison. C'était peut être également grâce à cette vigilance qu'il était encore en vie aujourd'hui. Pourtant, il avait été imprudent une fois. Une seule et unique fois. Il avait faillit y laisser sa vie, et l'opération s'était soldée par la mort de son agresseur... Une jeune fille de dix sept, défoncée au crack... En interpellant celle ci, Kérouec avait baissé sa garde devant l'apparente résignation de la jeune fille. Il ne lui avait pas passé les « pinces ». celle ci avait profité d'un instant d'inattention pour sortir un couteau à cran d'arrêt de sa veste. Elle avait planté la coéquipière de Kérouec à la gorge, ratant de quelques millimètres la carotide et avait asséné un deuxième coup dans l'épaule de Kérouec. Il avait été contraint de dégainer et d'abattre la forcené. Si sa collègue et lui s'en était physiquement sortis, il ne s'était jamais pardonné cet instant de flottement. Et cela d'autant plus qu'il aurait pu éviter de tuer cette fille. Il portait depuis le poids de cette erreur d'appréciation, même si sa hiérarchie l'avait félicité pour sa capacité de réaction.
Poulard et lui pénétrèrent à l'intérieur et se retrouvèrent face à face avec une jeune femme, qui leur sourit.
Celle ci était vêtue d'une mini jupe en cuir noir et d'un chemisier, largement ouvert dévoilant son corsage. Le maquillage était outranciémais le sourire amical...
- « Bonjour messieurs! », leur lança t-elle.
- « je suis Justine Pétard, la secrétaire de monsieur Baur, le chef de service... Que puis je pour vous? ».
Poulard la dévisagea des pieds à la tête avec un sourire équivoque. Ses origines marseillaises se rappelèrent à sa mémoire. Par chez lui, Justine Pétard aurait été qualifiée du surnom peut avantageux de « cagolle »...
Kérouec embraya immédiatement.
- « Capitaine Kérouec et Lieutenant Poulard madame... ».
- « mademoiselle ! », répliqua Justine en ajustant sa coiffure.
- « Ok!... Mademoiselle... Nous sommes de la police criminelle et nous souhaiterions voir monsieur Baur, votre patron... ».
Justine marqua un temps d'étonnement en jaugeant ses interlocuteurs, et reprit ensuite le cours de la conversation.
- « Vous aviez rendez vous avec monsieur Baur? ».
- « Non mademoiselle... Nous souhaiterions néanmoins le voir s'il est disponible... Il n'y en a pas pour longtemps... ».
- « Bien...Euh... Asseyez vous, je vais voir voir si monsieur Baur peut vous recevoir... ».
- « Merci.... ».
Justine tourna ses talons aiguilles avec une aisance impeccable et se dirigea vers le couloir du fond.
Un instant plus tard, Philippe Baur venait accueillir ses visiteurs.
- « Messieurs... Je suis le Dr Baur, chef de service de réanimation et responsable de cette unité. Que puis je pour vous? », leur dit Baur tout en les dévisageant.
- « Nous venons vous voir monsieur dans le cadre d'une enquête criminelle impliquant certains de vos patients... Nous avons eu des cas de décès de toxicomanes qui étaient suivis dans votre centre et nous avons d'autres éléments sur lesquels nous souhaiterions votre éclairage... ». 
- « Je pense que vous faites allusion aux décès que nous avons eu par empoisonnement avec une cocaïne trafiquée ?... », leur rétorqua Baur.
Le visage de Kérouec marqua un air interrogateur que remarqua immédiatement Philippe Baur.
Celui ci enchaîna aussitôt.
- « Mais excusez moi...Venez dans mon bureau. Nous serons plus à l'aise pour parler de tout ça. Cependant, je n'ai pas énormément de temps à vous accorder car l'infirmier du centre n'est pas venu travailler ce matin... Du coup, nous devons nous réorganiser pour le planning de la matinée... ».
- « Ne vous inquiétez pas monsieur Baur, celà ne devrait pas être très long... ».
L'entretien dura une heure... Une heure durant laquelle, Baur évoqua les quelques cas de patients ayant eu des aggravations de leur fonction respiratoire, consécutives à la consommation de cocaïne contenant de la poudre de verre... Il relata également les autopsies pratiquées et l'avis d'alerte transmit à la préfecture. La vague d'accidents s'étant arrêtée à l'hôpital, l'affaire, pour ce qui était de l'hôpital avait été déclarée comme classée, même si une surveillance accrue des patients toxicomanes consultant aux urgences demeurait.
Kérouec pesta contre les lenteurs administratives qui l'avaient empêché d'avoir connaissances de telles informations.
De son côté, il présenta à Baur quelques éléments de l'enquête en cours afin d'avoir son ressenti et d'évaluer ses réactions.
L'entretien ne lui apporta guère d'éléments supplémentaires. Philippe Baur était de ces hommes dont la prestance et l'importance avaient le don de l'agacer. Mais il connaissait visiblement son métier, et la procédure suivi par le médecin était tout à fait adaptée.
L'entretien s'achevant, Poulard et Kérouec se levèrent en remerciant Baur et se dirigèrent vers la porte, raccompagné par leur hôte. Alors que kérouec, s'apprêtait à ouvrir la poignée, la porte s'ouvrît sur une Justine Pétard décomposée.
Son rimel avait laissé des sillons noirâtres sur son visage... des larmes continuaient de ruisseler, et sa bouche tremblait lorsqu'elle s'adressa à Baur.
- « Philippe... Je viens d'avoir des nouvelles de Paul... Mon dieu... C'est terrible.... », dit elle dans un sanglot.
- « Bon sang, Justine !!... Reprenez vous !... Que s'est il passé ?... répondez ! », lui lança Baur d'un ton énergique.
-  « Paul a été renversé par une voiture hier soir... je viens d'avoir son père au téléphone... Il est en réa à Sainte Trinité... Ca semble très grave... Son père pleurait au téléphone.... ».
- « Merde... Ecoutez Justine, le temps de raccompagner ces messieurs et j'appelle mon homologue à Sainte Trinité pour avoir un bilan... Allez boire un thé ou un verre d'eau... Vos êtes toute pâle... ».
Baur se retourna ensuite vers ses deux visiteurs.
- « Je suis navré messieurs, mais c'est l'infirmier dont je vous parlais tout à l'heure... Il a eu visiblement un accident... ».
Kérouec eu la désagréable impression de se sentir comme un chien dans un jeu de quilles. Leur présence était de trop. La nouvelle avait jeté un froid dans le service.
- « Monsieur Baur, nous sommes navrés pour votre collègue... Nous n'allons pas vous retenir plus longtemps. Nous vous recontacterons si nous avons besoin de renseignements complémentaires... ».
- « Je reste à votre disposition... », répliqua Baur...
Poulard et Kérouec sortirent du bâtiment avec une certaine sensation de malaise.
- « Pas drôle comme nouvelle !... », lança Poulard en prenant une gomme au menthol dans sa poche de veste.
- « Oui.... », fit Kérouec, songeur.
Ils se dirigèrent ensuite vers l'esplanade sur laquelle ils avaient garé le break.
Kérouec repéra la fiat cinq cent, garée quelques mètres plus loin. Celle ci lui rappelait quelque chose, mais il était incapable dans l'immédiat de savoir quoi...

 

                                                                            42

 

                                                   Ludo avait mis en tout et pour tout une vingtaine de minutes pour rallier l'hôpital où travaillait la femme de Mr Bardaillan. Il avait garé la Fiat sur l'esplanade en face des urgences et était rapidement rentré dans le bâtiment.
Dans le hall d'accueil, un clochard allongé sur un brancard attendait les soins. Son pantalon avait été découpé. Le pauvre bougre s'était enveloppé les pieds et les chaussures dans des sacs plastiques afin de les protéger des engelures. Il avait apparemment consolidé le tout en enroulant du scotche autour de l'ouverture, au dessus des chevilles. Il n'avait tout simplement pas prévu que ses jambes gonfleraient, fruit d'un alcoolisme chronique et d'une hygiène de vie misérable. Le scotche avait pénétré les chairs, disparaissant à certains endroits dans des bourrelets marqués d'inflammation... Il avait mal... visiblement...
Ludo passa a côté de lui retenant sa respiration tant l'odeur était insoutenable...
-  « Comment pouvait on se laisser glisser à ce point.... », se dit il.
Les cours de gériatrie et du syndrome de glissement lui revinrent en mémoire...Pouvait on parler de syndrome de glissement chez les gens de la rue?...En tout cas cela y ressemblait...
Il se présenta à l'accueil, et demanda à parler à Julie Bardaillan tout en priant pour qu'elle soit de service ce jour là.
Il avait tenté encore une fois de joindre Nadine, mais n'avait reçu aucune réponse...
L'aide soignant chargé de l'enregistrement des patients le dévisagea, puis se retourna en direction du box de l'infirmière d'accueil et d'orientation, et appela.
- « Julie !!... Julie !!... Quelqu'un pour toi ! ».
Ludo voyait la femme de son formateur pour la première fois, pas très grande, un certain charme et du charisme... Elle semblait connaître son affaire et ne pas être du genre à se laisser démonter par une situation tendue.
- « Oui !... Bonjour !... Qu'est ce que je peux faire pour vous? ».
Julie s'aperçut immédiatement que le jeune homme était soucieux.
- « Je...Je suis vraiment désolé de vous déranger madame Bardaillan... ».
Le titre fit sourire Julie intérieurement... Thomas avait l'habitude l'appeler comme ça pour la taquiner.
-  « Je m'appelle Ludovic et je suis un ami de Nadine que vous avez eu en stage... ».
Julie comprit très rapidement, en écoutant les premières explications de Ludo, que la situation était anormale...
Elle lui proposa de la suivre jusqu'à l'office afin d'être un peu plus tranquille.
Là, elle apprit l'accident de Paul Marchand, ce qui lui fit un choc énorme car c'était un collègue apprécié. Le reste des éléments apportés par Ludo ne lui laissèrent aucun doute sur le fait que l'absence de Nadine n'était pas normale et sur le fait qu'il y avait quelque chose qui les ramenaient à l'hôpital....
Ludo lui raconta tout ce qu'il savait... pendant plus d'une heure il relata et décortiqua avec Julie tout ce qui s'était passé depuis le début...
Julie conclut l'entretien en informant Ludo qu'elle en parlerait à son mari le soir même, et qu'il pouvait les rappeler si des informations se présentaient... Elle lui conseilla également de peut être avertir la police...
Ludo se leva à la fin de l'entretien et remercia chaleureusement Julie pour le temps qu'elle lui avait accordé. Nadine l'avait bien jugée...
Il regagna le hall d'accueil menant à la sortie. Le sans domicile fixe croisé en arrivant attendait toujours... Il s'était tourné vers le mur et semblait dormir en attendant son tour.

 

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                                                    La morsure du froid...et la douleur, extirpèrent Nadine de l'état de léthargie dans lequel elle se trouvait. Elle tenta de rouler doucement sur le côté. Ses membres étaient engourdis par le froid. Sa mâchoire était toujours douloureuse. Elle n'avait aucune idée du temps et de l'heure. Bribes par bribes, sa mémoire se clarifia... Il l'avait frappée, enlevée, et elle était maintenant séquestrée. Ce qu'elle venait de vivre quelques heures auparavant refit également surface après quelques minutes de brumes. Il l'avait observé un moment, assis sur sa chaise... Il lui avait peu parlé, s'était déshabillé... complètement... l'avait prise en photos et.... il l'avait touché...
Il n'était pas resté avec elle plus d'une demi heure... En tout cas, c'est ce qu'elle avait évalué... Mais elle avait prié... la première fois depuis au moins dix ans... pour qu'il s'en aille... 
Nadine ferma les yeux, sentant les larmes et la peur monter en même temps qu'une bouffée nauséeuse. Il lui avait murmuré à l'oreille qu'il reviendrait ce soir... rien que pour elle. C'était ses propres mots. Il lui avait fait ensuite une injection dans le bras, et puis plus rien... Le trou noir... 
Elle ne l'avait pas reconnu immédiatement dans la pénombre... seule sa voix lui était familière. Ce n'est que lorsque son visage s'était positionné dans le rais de lumière qu'elle fut capable de mettre un nom sur celui qui l'avait enlevé. Elle revit à nouveau le visage de Philippe Baur devant elle... Elle ne put s'empêcher de gémir de peur tout en frémissant. 

A SUIVRE...

Publié dans Roman

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